Balade.. [ PV Elyon Darkness ]

Felicity n'avait pas envie d'aller directement en classe. Elle disposait encore d'une vingtaine de minutes avant le début des cours et préférait donc se balader dans un endroit tranquille, le parc. Elle était seule. Ses amies lui avaient proposé de l'accompagner, mais elle avait refusé. C'était assez inhabituel pour elle, puisqu'elle adorait être entourée de sa bande de jeunes. Mais aujourd'hui elle n'était pas d'humeur à rire. Elle n'avait aucune raison d'être comme ça, mais ça lui prenait parfois. Elle passa à côté d'un fontaine imposante et se remémora toutes les fois où ses amis l'avaient taquinée en la menaçant de la pousser dans l'eau froide. Bien sûr, ils n'avaient jamais mis leurs menaces, bien que sympathiques, à exécution. Elle sourit à cette pensée.

Ses pensées dérivèrent sur ses moyennes. Ces dernières étaient en baisse. Mais elle ne s'en étonnait pas. On ne pouvait pas dire qu'elle travaillait beaucoup. Au contraire, elle repoussait toujours ses études au lendemain, et donc finissait par ne jamais étudier. Mais elle avait toujours réussi à passer l'année, de justesse certes, mais elle la passait quand même.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas la jeune fille qui venait dans sa direction et la percuta de plein fouet.

- Oh non ! Je suis vraiment désolée, j'avais la tête ailleurs, pardonne-moi !

Elle rougit de confusion. Ce n'était pas vraiment dans son genre de s'excuser comme ça, en panique. Elle leva les yeux pour bien observer la personne qu'elle avait bousculée.

[ Premier post ]

Un long soupir sortit douloureusement de la gorge de la louve allongée sur le sol depuis le soir-même. Relevant doucement la tête, elle plongea sa truffe dans son pelage pour chercher la provenance de l'odeur nauséabonde qui se dégageait d'elle. Quelques secondes lui furent nécessaire pour réaliser qu'elle saignait bel et bien, touchée au ventre ! Son combat avec un male lycan lui aussi lui avait laissé plus de dommage qu'elle ne l'aurait souhaité ! Si il n'avait été qu'un simple loup, elle n'en aurait fait qu'une bouchée... Mais là tout était différent ! Allongeant les pattes, elle se releva tant bien que mal, tout en s'étirant légerement, laissant échapper un second long cri. Rabattant les oreilles contre sa tête, elle savait qu'elle ne pouvait descement pas rester louve plus longtemps. Que sa plaie pourrait s'infecter et qu'elle risquait gros ! Sa conscience prenant le dessus sur le reste, elle se roula en boule, redevenant en un seul instant sous sa forme humaine. Une large ouverture lui traversait le ventre de bas en haut, encore saignante. Ayant totalement perdu sa fourrure, totalement nue, dans cette forêt sombre, elle marcha, pliée en deux jusqu'à sa tanière pour en tirer des vêtements. S'habillant tranquillement, elle pris soin de dechirer un lambeau pour essayer d'arreter son sang de couler. Aprês ceci, elle se dirigea vers le petit lac, toujours aux aguets, prêts à attaquer et se retransformer si le moindre problèmes survenaient !

Son reflet s'étira sur l'eau. Sa peau était plus pale qu'à son habitude, ses longs cheveux ondulés étaient pleins de boue et de brindilles, ses traits étaient tirés par la fatigue. Elle était également un peu sale, quelque peu boueuse... Qui pourrait lui en vouloir ? La beauté animale ne se refuse pas ! Restant un instant sans rien dire, elle se regarda, affichant un léger sourire, tout en passant une main dans ses cheveux. Cela faisait un petit moment déjà qu'elle était devenue ce qu'elle était. Princesse de la forêt ! Reine de la nuit ! Lycanthrope ! Mais au lieu de refouler cela, elle mettait à profit tous ses instincts pour vivre pleinement sa vie de félin.

Il était temps... Après une dizaine de minutes de marche à travers les bois - étant bien plus lente que d'habitude par sa blessure et sa forme humaine - elle s'arrêta devant le mur "infranchissable" du pensionnat de Myrana. Elyon savait que si elle était restée ce qu'on appelait stupidement "chez elle", elle aurait été envoyée ici ! Mais malheureusement pour ses parents, elle n'avait pas reçu un "cadeau" semblable à tout ses camarades. Non, le sien était bien mieux, à ses yeux en tout cas, et se traduisait en un seul mot : Liberté. Se hissant sur le mur, elle sauta sur le sol, accroupie, les sens en éveil. Il était tot. Normalement personne ne devrait être là. Jamais encore elle n'était venue ici, mais elle en avait si souvent entendu parler, que cela revenait au même. Se mettant sur ses deux pieds, elle se mit à marcher rapidement. Elle avait besoin d'aide et le fait qu'elle penetre ici malgré le risque énorme qu'elle prenait le montrait bien !

Se faisant bousculée, Elyon se retrouva à terre, une main sur son ventre, une légère trace de sang sur sa chemise. Elle ne portait pas l'uniforme scolaire. Et cela la perdrait surement. En réponse à ce qu'une jeune fille lui dit, elle grogna, comme une louve, comme la louve qu'elle était. Puis elle sauta sur ses pieds en une fraction de seconde, gardant d'abord un main par terre en appui, puis se relevant entièrement.

- Ce n'est rien...

Dit-elle simplement, gardant son calme placide, tout en observant la jeune femme. Ses perceptions la surprenaient toujours, et elle appréciait redécouvrir tout cela après si longtemps.

Elle recula d'un pas lorsque la jeune femme grogna comme un animal et bondit sur ses pieds pour se remettre debout. En l'observant attentivement, elle remarqua que celle-ci avait une allure désordonnée et sale. Ses cheveux étaient en bataille, et par-dessus tout, elle ne portait pas l'uniforme scolaire comme le demandait la règle, mais était vêtue d'un simple chemise et celle-ci était teintée de rouge au niveau du ventre, du sang. Felicity ne put retenir une exclamation de stupeur. Mais elle se reprit rapidement, évitant de laisser son regard s'attarder trop longuement sur l'habit déchiré et rouge.

- Est-ce que tout va bien ? Vous êtes blessée ?

Cette rencontre plutôt inhabituelle était intéressante. Aider une fille en détresse était quelque chose qui ne se passait pas tous les jours et qui mettait un peu de piment dans sa vie banale de jeune étudiante. Mais, elle n'oubliant pas toute forme de politesse qu'elle avait reçue avec l'éducation de ses chers parents, elle se présenta.

- Au fait, je m'appelle Felicity.

Elle lui fit un sourire un peu hésitant attendant que l'inconnue lui réponde quelque chose. Elle était intriguée de trouver quelqu'un de si bonne heure, aussi mal habillé et en plus saignant. En attendant, rien d'étonnant. Elle la regarda un moment dans les yeux, et remarqua à quel point cette fille dégageait une aura sauvage.

Restant muette, plantée sur place comme un roc, Elyon porta une main à son ventre et étouffa un léger cri rauque, elle aurait du nettoyer sa plaie avant de se retransformer... Puis, elle releva le regard vers la jeune fille qui se présentait sous le nom de Felicity. Savait-elle qu'elle faisait partie des gens qui n'étaient autorisés en aucun cas à franchir le mur du pensionnat ? Connaissait-elle l'existence des lycanthropes ? Et avait-elle remarqué qu'elle n'était visiblement pas du pensionnat vu son accoutrement ? Tant de questions qui continuaient de se bousculer dans sa tête. Mais l'heure n'était pas au questionnement, mais plutot à l'action. Reprenant doucement son souffle, elle dit d'une voix claire, mais très basse.

- Je m'appelle Elyon...

Cela semblait tellement cliché... Une jeune fille blessée et inconnue qui débarquait dans un lieu interdit. Une rencontre avec une autre jeune fille qui semblait ne pas vouloir fuir devant elle. Et finalement tout cela devait-il aboutir à une fin heureuse ? Qui sait. Elyon se plia doucement en deux, les mains sur son ventre, elle demanda d'une petite voix.

- Est-ce que tu peux m'aider ? ... S'il te plait ?

Son éducation n'avait pas disparu malgré sa sauvagerie apparente. Elle connaissait les bonnes manières, même si elle ne lui était plus d'aucune utilité dans le monde dans lequel elle se sentait si bien. Celui des loups ! Peut-être que sa folie passerait et qu'elle passerait a nouveau du temps en forme humaine. Qui sait, peut-être que les lycans vivaient normalement dans leur société plus qu'archaique à ses yeux.

Toujours est-il que malgré la fierté qu'éprouvait Elyon a toujours se debrouiller seule, depuis qu'elle avait reçu son "cadeau", elle osait demander de l'aide. Fière, mais pas stupide au point de se laisser mourir la petite...

Felicity grimaça. Elyon n'avait vraiment pas l'air d'être en grande forme. Naturellement, elle allait faire son possible pour l'aider à se soigner. Peu lui importait d'arriver en retard en cours. Elle avait quelque chose de bien plus intéressant à faire. Elle lui répondit.

- Bien sûr, viens avec moi, je dois avoir une trousse de secours dans ma chambre.

Elle lui prit le bras et le plaça autour de son cou pour lui servir de béquille. Elle se mit en marche vérifiant qu'Elyon soit à son aise. Heureusement, les cours commençaient d'ici cinq minutes et normalement elle ne risquait pas de croiser quelqu'un qui pourrait leur causer des ennuis. En avançant au rythme de la blessée, elle repensa à toutes les rencontres qu'elle avait faites durant l'année scolaire. Aucune n'égalait celle-ci dans l'originalité. Elle préféra ne pas questionner la jeune fille sur la raison de sa présence. Elle ne voulait pas paraître indiscrète, et si celle-ci voulait lui révéler quoi que ce soit à son propos, elle le ferait quand elle l'aurait décidé.

- Par ici

Dit-elle, en l'entraînement dans un long couloir. Un peu plus loin, elles arrivèrent à sa chambre. Elle ouvrit la porte et lui fit signe de s'asseoir sur un fauteuil dans le coin de la pièce...

Elyon acquiessa, puis sourit légèrement, contente que l'inconnue soit d'accord de l'aider, malgré tout ce que l'on pouvait dire. Ne jamais aider quelqu'un dans le besoin semblait être une des règles préécrite de ce monde, la loi du plus fort restait véridique partout. Elle était la première à le penser. Mais maintenant, à ce moment précis, elle se rendait compte à quel point un être humain est totalement vulnérable. Comme une vie peut se finir si facilement entre les crocs d'une bête sauvage, ou d'un lycan en quête de sang. Et elle appréciait grandement le geste de la dénommée Felicity. Le trajet se fit en silence. Heureusement pour elles, les couloirs étaient déserts. Sans doute que les cours avaient commencé et que tous les étudiants se trouvaient assis à leur place habituelle. Espérant que sa "sauveuse" n'aurait pas d'ennuis à cause d'elle - ce qui restait peu croyable si sa présence s'apprenait - la lycan pénétra dans la chambre, se trainant au rythme de sa respiration jusqu'à atteindre le fauteuil désigné pour elle.

- Joli chambre...

Dit-elle pour simplement meubler le léger silence installé depuis leur arrivée. Le silence était un de ses principaux alliés lors de ses chasses, mais en ce moment il la rendait un petit peu mal à l'aise. La situation des plus bizarre la terrifiait de même qu'il la fascinait. Soupirant, elle épongea un peu de sang, et attendit un instant. Contemplant sa plaie, autour de laquelle elle avait soigneusement déchiré sa chemise, laissant apparaitre son ventre musclé et bien plat, mais également bien ouverte.

- Tu aurais de l'alcool, ainsi qu'une aiguille et un peu de fil s'il te plait ?

Cette question aurait parue tout à fait ridicule dans un monde du vingt et unième siècle. Mais ici, avec quoi d'autre que de l'alcool pouvait-on désinfecter une plaie et anesthésier ? Et avec quoi d'autre qu'une vulgaire aiguille et du fil pouvait-on recoudre quelqu'un ? Certes la médecine traditionnelle avait quelque chose d'effrayant, mais moins à ses yeux que la sorcellerie, magie et tout autre chose comme cela. Ou l'on ne sait jamais à qui l'on a à faire et surtout ce qu'il va essayer de vous faire subir... Restant calme, Elyon entrouvrit légèrement la bouche mais ne laissa aucun son en sortir. Puis doucement elle leva les yeux vers la fille en parfaite tenue de petite écolière modèle...

Elle chercha des yeux une petite bouteille de verre bleue qui contenait de l'alcool. Elle se rapella qu'elle en avait dans la salle de bains. Elle s'éloigna dans la petite pièce et revint vers Elyon avec ce qu'elle lui avait demandé, une aiguille à coudre et du fil. Elle avait reçu par ses proches quelques affaires pour faire de la couture. Ces personnes pensaient sûrement qu'elle avait du temps à perdre pour s'occuper à cette activité. Mais en réalité, elle ne les avait jamais touchés. Elle prit du coton l'imbiba d'alcool. Elle le tendit à la fille ne sachant pas si elle voulait se débrouiller seule ou non.

- Tu veux que je le fasse ?

Elle pointait du doigt l'aiguille et le fil. Elle ne cousait que rarement, mais elle savait quand même le faire et elle était prête à refermer la plaie de l'étrangère s'il le fallait. Felicity regarda l'heure et vit qu'elle avait maintenant plus de dix minutes de retard au cours. Elle pria pour que ses amis lui aient trouvé une bonne excuse et qu'elle n'aie pas des heures de retenue supplémentaires.

Suivant du regard la jeune fille, elle attendit qu'elle lui tende un morceau de coton imbibé d'alcool avant de relever largement sa chemise sur son ventre, laissant aparaitre sa plaie un peu trop ouverte pour bien cicatrisé toute seule. Grognant encore une fois, un peu de douleur et de mécontentement, elle prit le coton est tapota sur sa plaie pour la désinfecter. Une moue plus prononcée se dessina sur son visage et elle serra les dents. Elle n'aimait pas souffir de la sorte surtout pour une idiotie comme celle-ci. Se laissant aller en arrière, elle laissa une larme rouler sur sa joue puis lui dit le plus posèment possible.

- Je veux bien que tu le fasses, mais...

Sa voix restait neutre, ou tout du moins le plus neutre qu'elle arrivait à faire. Cette rencontre avait quelque chose d'étrange, de bien trop bizarre et la situation l'embarrassait autant qu'elle lui faisait du mal. Si seulement elle n'avait pas été assez idiote pour combattre contre un lycan plus fort qu'elle elle ne serait pas là et continuerait sa petite vie sauvage tranquillement, au lieu d'être là, dans un pensionnat ou normalement elle n'avait même pas le droit de mettre les pieds. Le règlement était clair à ce sujet à ce qu'elle savait et n'était-ce pas une des raisons qui l'avaient inconsciemment poussée à fuir ? Elle aurait été la honte de ses parents, et après tout la vie seule et sauvage est bien plus excitante que d'étudier comme une dingue dans une école comme celle-ci, ou rien n'est permis.

- Si tu dois aller en cours, vas-y. Je n'ai pas envie de te créer de problèmes. Surtout que personne ne doit savoir que j'étais ici...

Et non, elle serait un peu dans la misère si on l'apprenait. Et encore plus si on la prenait en flagrant délit. L'année scolaire venait de commencer non ? C'était sans doute la raison qui faisait que la résidence n'était pas aussi bien gardée que d'habitude, ou protégée de soritlège, ou quelque chose comme ça. Elyon ne savait pas vraiment comment ils s'y prenaient pour chasser les gens de son espèce et les empêcher d'entrer, mais leurs méthodes semblaient marcher. Jamais elle n'avait entendu dire qu'un lycan quelconque s'était introduit dans la résidence.

Souirant fortement, elle baissa la tête pour regarder le sang qui coulait encore un peu sous l'effet de l'alcool et continua de presser le coton pour que tout soit désinfecter et qu'une fois la plaie refermée elle puisse simplement cicatrisé sans aucun autre problème.

Felicity eut le souffle coupé juste à l'instant où Elyon releva sa chemise et laissa apparaître la plaie béante. Comment cette fille avait-elle put se faire une blessure pareille ? Pourquoi n'était-elle pas allée à ce qui leur servait d'hôpital, pourquoi était-elle venue au pensionnat à la place ? Toutes ses questions se précipitaient dans sa tête. Mais elle n'avait pas les réponses. Elle se tut et vit qu'Elyon semblait quand même souffrire, rien d'étonnant. Elle commença par faire passer le fil dans l'aiguille puis lui répondit.

- Tu rigoles, il n'y a pas plus ennuyeux que les cours, je préfère nettement rester ici.

Qu'elle ait des problèmes à cause de son retard, elle s'en fichait royalement. Aujourd'hui serait un jour qu'elle n'oublierait pas. Durant son année scolaire, rares seraient les moments comme celui-ci, où une inconnue blessée débarquait et lui demandait son aide.

Elle s'approcha et s'assit sur une chaise.

- Prête ?

Elle se tenait devant elle, aiguille à la main. Elle respira un bon coup, se préparant et attendant la réponse d'Elyon.

La situation pressait, enfin surtout pour la jeune lycanthrope qui ne devait pas se faire repérer avant que sa plaie soit refermée et qu'elle puisse sans trop de mal repartir chez elle, c'est-à-dire dans les bois qui lui servait de résidence. Serrant les dents, puis se détendant un peu plus, elle répondit simplement avec le sourire, dans un murmure presque inaudible, se parlant bien plus à elle-même qu'à la jeune fille qu'elle accompagnait.

- J'imagine difficilement, je n'ai jamais été en cours ici...

Ce qui était en fait un fait avéré. La jeune fille n'avait jamais suivi de véritable cours, si ce n'était les premières écoles de village, ou l'on n'apprends pas grand chose. Ainsi que l'éducation de sa mère, qu'elle avait préféré abandonner pour avoir sa propre vie. Si sa famille savait ce qu'elle était réellement, ce qu'était son don de la nature, comment pouvaient-ils réagir ? Si ce n'est mal. La lycanthropie semblait être vue comme une tare et non pas un cadeau. Ma foi, c'était malheureux, car tout ces gens qui critiquaient cet état ne sauraient sans doute jamais le plaisir et la liberté qu'il apporte. Enfin bon. Hochant la tête en approbation, elle se mit bien en place pour bouger le moins possible lorsque Felicity lui trouerait la peau afin de refermer la plaie. Ce n'était pas une opération extrêmement lourde, mais pas non plus sans douleur à ce qu'elle pouvait se souvenir.

- Prête !

Répondit-elle d'une voix sûre d'elle, cachant le fait qu'elle n'avait pas vraiment envie de souffrir. Une fois fait, elle partirait, simplement, purement, comme elle était venue. Et personne ne saurait qui elle était. A moins bien sur que tout se déroule autrement, en contresens de son plan. Ce qui pourrait se révéler dangereux. Se contentant de fermer les yeux et serrés les dents, elle essaya de se vider la tête pour ne plus sentir sa douleur. Imaginant la caresse du vent dans son pelage et la joie d'une traque.

Une fois ce mot prononcé, elle se jeta à l'eau et planté délicatement l'aiguille dans la peau d'Elyon. Elle ne s'était pas laissé le temps d'hésiter une seule seconde. Veillant à ce qu'elle ne fasse pas un geste de travers, elle continua tout doucement à refermer la plaie. Elle faisait de son mieux afin que la jeune fille assise en face d'elle souffre le moins possible, pourtant on ne pouvait pas faire des miracles, cette dernière ressentirait tout de même de la douleur. Lentement, mais sûrement, elle avançait dans sa tâche. Au bout de quelques minutes, elle releva la tête et regarda son oeuvre d'un air satisfait. L'endroit recousu paraissait propre. Elle brisa le silence qui s'était installé durant l'opération.

- Voilà, j'espère que tu n'as pas trop eu mal. Bien sûr il y aura une cicatrice, mais je ne pense pas que ce soit très important.

Elle se leva pour aller désinfecter l'aiguille sous l'eau chaude de la salle de bains. Elle revint s'asseoir auprès d'Elyon et ne put s'empêcher de poser cette question qui lui brûlait les lèvres depuis le début.

- Au fait, sans vouloir paraître indiscrète, comment t'es-tu faite une blessure pareille ?

Le ton de sa voix était imprimé d'incrédulité et de curiosité, très mal dissimulées. Elle n'avait pas osé poser cette question au commencement, de peur de passer pour une pauvre fille trop curieuse. Mais maintenant, elle n'avat pu se retenir de le demander franchement. Elle redoutait la réponse de la fille.

Elyon serrait les dents, fermait les yeux et rejeta sa tête légèrement en arrière. Elle n'avait rien contre le sang, mais si elle pouvait éviter de voir sa propre chair se faire refermer de la sorte, elle ne s'en portait que mieux. L'opération dura quelques longues minutes qui lui parurent des heures. Tentant de ne pas regarder, elle faisait son mieux pour faire abstraction de la douleur qui était tout de même bien palpable. Enfin si l'on peut dire... Retenant son souffle par moment, elle ne souffrait pas le martyr, mais elle avait mal. Un couteau dans son orgueil, elle qui se prenait pour la plus forte, ou tout du moins une des plus fortes. Une louve dominante simplement. L'était-elle réellement après cette marque flagrante de manque de contrôle ? Ce n'était pas sur. Pas à ses yeux. Mais on pourrait tout aussi bien affirmer que ce n'était que passager et que cela montrait simplement qu'elle était normale. Avoir besoin d'aide n'était pas une aussi grande tare que cela après tout... Du point de vue des faibles - selon elle -

Le silence régna jusqu'à ce que Felicity affirme avoir fini le travail. Jetant un vague coup d'oeil, Elyon remarqua qu'elle avait raison et souris, satisfaite, puis descendit son t-shirt afin de cacher, comme elle le pouvait la cicatrice, pas encore cicatrisée. Sa remarque la fit sursauter. La cicatrice allait se voir ? Quelle importance de se battre si l'on oublie nos défaites et nos victoires en effaçant ces marques ? Et de toute façon, sous forme de louve, on ne la verrait même pas, bien cachée sous son pelage épais. Souriant, reprenant un peu d'assurance, malgré sa tête qui lui tournait, elle lui dit simplement.

- La plupart du temps on ne la verra pas, je t'assure ! Merci...

Essayant de se relever, Elyon perdit patience et se rassit tout naturellement, comme si elle avait envie de rester. Mais en vérité, elle se sentait trop faible pour faire un mètre de plus... La deuxième question de Felicity la fit réfléchir. Elle ne pouvait pas décemment dévoiler ce qu'elle était. Non pas par honte, mais par devoir. Elle ne voulait pas lui inspirer de dégout - on ne sait jamais ce que les autres peuvent penser des lycans - et surtout, elle n'avait pas besoin de quelqu'un qui le sache, tout comme elle n'avait pas besoin d'aide ou d'amis en temps normal.

- C'était de manière déloyale, c'est sans doute la seule chose à savoir ! Enfin, il était plus fort que moi et il m'a bien eue. Ça me servira de leçon...

Elle ne savait pas si ce qu'elle disait lui semblait énigmatique, ou simplement stupide, mais elle s'en moquait. Elle dégagea ses cheveux se son cou et désigna les marques de griffures sur le côté gauche.

- C'est la première fois que je m'incline... Il m'a eu aussi ici ! Et autres égratignures, mais je ne vais pas toutes te les montrer ! Enfin, je l'ai eu aussi, il boitait en repartant...

Elyon soupira, fatiguée, épuisée par tout cela. Elle avait besoin de repos. Mais elle ne pouvait en trouver tant qu'elle était en ces murs. Laissant le silence retomber, elle ferma les yeux pendant une ou deux secondes et les rouvrit, grognant naturellement en découvrant ses dents qui n'avaient rien d'anormale, par simple réflexe du mal qui montait en elle par a coup. Sa plaie était refermée, mais combien de temps lui faudrait-il pour récupérer entièrement ?

Elle fut surprise de la réponse à sa question. Ce n'était pas quelque chose du genre " ça te regarde ? ". Mais ni quelque chose de très précis. Elle avait laissé entendre qu'un homme, vu les "il", l'avait "eue" de méchante manière et l'avait aussi griffée. Apparemment, elle aussi l'avait blessé. Intriguée elle fronça les sourcils mais n'en demanda pas plus. A quoi bon insister, elle ne comprendrait sûrement pas mieux. Elyon soupira. Elle se releva, fouilla dans le tiroir de sa table de chevet et en sortit une plaque de chocolat noir. Elle les lui tendit.

- J'ai discrètement volé ce paquet, on n'est pas censé avoir de la nourriture dans les chambres normalement. Je pense que tu dois avoir faim, sers-toi.

Elle espérait qu'Elyon aimait le chocolat noir, parce qu'elle n'avait rien d'autre à lui proposer. Le règlement interdisait tout aliment dans les chambres. Felicity trouvait cela absurde car elle avait souvent un petit creux. Régulièrement, elle piquait quelques trucs dans la cuisine et les dissimulait dans son tiroir.

- Et, je suis désolée, mais je ne peux pas te laisser sortir avec une chemise tachée de sang.

Elle ouvrit une petite commode et en sortit une chemise propre. Elle en mettait très rarement et cela ne la gênait pas de l'offrir à la jeune fille.

A moitié assoupie, Elyon réagit lorsqu'elle vit et sentit que la jeune femme s'approchait de sa commode puis en tirer du chocolat qu'elle lui donna. Un sourire presque béat s'afficha sur les lèvres fines de la lycanthrope. Depuis combien de temps n'avait-elle plus gouté à ce genre de chose ? Depuis qu'elle connaissait son don. Autant dire... Des mois maintenant. Ou une année ? Non pas déjà... Enfin bref, se saississant du paquet, elle l'ouvrit et cassa un morceau de chocolat qu'elle sentit d'abord et lécha pour avoir le gout et finalement après une très longue hésitation croqua un petit morceau, encore plus petit que l'autre. Se rendant compte qu'elle devait avoir l'air idiote totalement obnubilée par un simple morceau de chocolat, elle tendit le bout qu'elle n'avait pas touché à Felicity et lui demanda d'une voix hésitante.

-Merci. Er... Tu en veux ?

La politesse était de partager n'est-ce pas ? Tout du moins c'était de cela qu'elle se souvenait. Même si on mourrait de faim, ne jamais faire la mauvaise âme qui n'en a rien à faire des autres, même si c'était le cas le plus souvent. Elle n'était plus la petite Elyon bien sage de toute manière alors qui allait dire quoi que ce soit à son sujet ? Elle n'existait plus en tant que tel. Finissant de fondre sur sa langue, Elyon avala le chocolat avec une légère surprise qui se dépeignait sur son visage, elle dit à la fois amusée et chagrinée.

- J'avoue que je ne me souvenais plus du gout du chocolat. Et que d'ailleurs, je ne lui trouve plus ce que j'aimais tant...

Comme toutes jeunes filles, ou même êtres humains qui se respectent aimaient le chocolat. Enfin c'était ce qu'elle avait toujours cru. Mais son régime alimentaire avait quelque peu changer depuis les derniers mois. Restant sous sa forme de louve la plupart du temps, et préférant les petits fruits sous forme humaine, pour éviter de se rendre en ville. Elle devait pour le mometn se faire oublier. Après, elle verrait bien. Son avenir parmi les Hommes étaient incertains, mais parmi les loups, il était tout à fait clair, et cela lui suffisait amplement !

Ne faisant plus attention à Felicity pendant un moment, continuant son manège avec le chocolat, elle hocha la tête négativement lorsqu'elle lui dit qu'elle ne pouvait pas la laisser partir avec une chemise tachée de sang. C'était ridicule. Enfin, elle n'allait pas la porter longtemps, et pour l'instant restait loin de la ville, donc rien ne clochait dans son habillement. Une fois là-bas, elle se déshabillerait entièrement, comme à chaque fois, puis se transformerait en louve, puis recouverte de poil, ce n'est pas la même chose ! Restant incrédule devant son cadeau, Elyon lui répondit simplement, sans pour autant prendre le vêtement pour le moment.

- Mais toi, que va tu faire avec ma chemise tachée de sang ? Si quelqu'un la trouve, ils ne vont pas tarder à comprendre que j'étais là, et que je n'en ai pas le droit et tout va s'enchainer et...

Ses yeux grands ouverts, sa voix se teintait de panique pure. Elle n'avait pas seulement peur parce que l'école pouvait le savoir - car l'odeur des lycan et leur sang est bien différente de celle des autres humains ainsi que vampire - mais également car ses parents pouvaient l'apprendre, si il la croyait en vie. Enfin bref, tout pouvait déraper pour sa petite vie tranquille, pour finir qui sait. Enfermée dans une cage ?

La réaction qu'eût Elyon en voyant le chocolat paraissait légèrement étrange, surtout qu'ensuite elle s'était mise à le "sentir". C'était comme si elle en mangeait pour la première fois de sa vie, tout en sachant parfaitement ce que c'était. Felicity fronça les sourcils mais resta muette. Elle se tut attendant que la fille se décide enfin à croquer dedans. Puis, celle-ci lui proposa un morceau, qu'elle refusa très poliment.

- Oh, non merci, j'ai déjà mangé ce matin.

Elle lui sourit en retour. C'était assez comique. Pour patienter, elle se mit à ranger sa chambre, ce qu'elle faisait très, très rarement. Ce qui expliquait aussi le désordre qui régnait dans sa chambre, mais qui lui faisait aussi son charme. Elle lança un regard bizarre lorsqu'Elyon lui annonça être déçue par le goût du chocolat, et cela se voyait à sa tête. Jamais elle n'avait entendu dire un pareille chose. Comment le chocolat pouvait-il nous décevoir ? C'était déjà un luxe de pouvoir en manger, on le savourait comme on pouvait. Mais jamais personne ne lui avait dit qu'il était déçu du goût.

Elle continuait d'observer la fille du coin de l'oeil tout en rangeant ses affaires. Elle secoua la tête. Felicity la trouvait de plus en plus étrange, mais cela l'amusait. Elle s'était dit qu'elle voudrait repartir discrètement, et en ville, ou pour rentrer chez elle, y aller en tenu ensanglantée était une mauvaise idée.

- Ne t'en fais pas, je me débrouillerais, j'ai des amis qui peuvent me débarrasser de cette chemise sans que personne ne le sache, ce n'est pas un problème, et personne ne sera au courant de ton passage ici.

Elle lui fit cette fois, un sourire confiant. Elle connaissait quelqu'un tout à fait capable de faire disparaître ce morceau de tissu imbibé de sang. Et elle doutait que quelqu'un remarque qu'une personne étrangère se soit introduite dans l'établissement étant donné que le système d'alarme n'était pas encore mis en place. Elle voulait juste rassurer Elyon.

Elyon la regarda, un peu déçue de ne pas pouvoir lui en donner si ce n'était que pour la remercier un peu de ce qu'elle faisait pour elle. En plus de cela, elle n'aimait plus vraiment ce gout. La viande, la bonne chair fraiche sentait et avait meilleur gout que cette chose étrangement banale. Acquiessant de la tête, elle ne lui dit rien et continua de manger son chocolat, pour reprendre des forces, mais également pour ne pas être malpolie envers sa bienfaitrice du moment ! Elle gardait quand même un oeil sur la jeune fille qu'elle trouvait étrange, et qui rangeait sa chambre apparemment. Elle, au moins elle n'avait plus à le faire, elle n'en avait plus. Sauf les jours ou elle dormait à l'auberge, mais n'ayant plus vraiment d'affaire personnelle, elle n'avait rien à craindre, surtout pas d'être désordonnée. Après avoir fini le chocolat, Elyon hésita un instant, puis se redressa sur son siège et changea de chemise, enlevant la tachée de sang pour remettre la propre de Felicity qui lui allait comme un gant. Certes, l'odeur du propre avait quelque chose de dérangeant pour elle qui avait l'odorat bien plus développé que les simples humains. Et surtout du au fait qu'elle vivait dans une forêt sombre qui ne sentait pas le savon ! Elyon prit ensuite sa vieille chemise, qui était tout ce qui lui restait de son ancienne vie, et la plia afin qu'on ne voit plus le sang. Elle ne paraissait pas propre, vu qu'elle ne l'était pas, mais juste pas rouge comme si c'était la propriété d'une personne assassinée.

- Qu'est-ce que je peux faire pour te remercier pour tout cela ?

Demanda la jeune lycanthrope avant de reposer sa tête contre le fauteuil et d'essayer de se détendre, la fatigue la gagnait, mais elle devait avant tout rentrer chez elle. Après elle pourrait faire tout ce dont elle avait envie. Comme prendre un bon bain dans une rivière ou un étang et chasser juste pour un peu d'adrénaline. Elle en était totalement accro, à cette sensation qui vous prends les entrailles et qui fait monter l'exitation de la chasse en vous, en prenant possession de tous vos sens. C'était sans doute un petit défaut que possédait la plupart des lycanthropes, mais ils étaient tout de même moins exposé que les Humains qui appréciaient cette molécule, car plus résistants !

Un peu curieuse, et ses souvenirs commençant à lui faire défaut, elle demanda à la jeune noireaude, tout simplement, comme si c'était totalement normal.

- Est-ce que tu manges de la viande ? Tu m'as offert à manger, je pourrais en faire de même non ?

Elle essayait également de trouver une solution pour la rembourser. Car c'était très important à ses yeux. Elle ne pouvait se permettre qu'on s'occupe d'elle sans être redevable. Et si elle était redevable, elle devait payer sa dette au plus vite. Simplement question de principe.

Ranger sa chambre. Elle détestait cela. Et c'est la raison pour laquelle elle se lassa très vite et y renonça. Elle s'assit sur son lit. Elle leva la tête vers la seule horloge de la pièce et regarda l'heure. Elle avait déjà plus d'une heure de retard. Aucune importance. Son premier cours ce matin concernait le peu de maths qu'on savait à cette époque. Et bien sûr, les maths étaient la pire de toutes les branches qu'elle avait à l'académie. Ses notes était largement inférieures à celles des autres cours. De plus, elle trouvait le professeur dégoûtant et laid, contrairement à celui de physique qui était assez attirant dans son genre. Elle haussa les épaules en guise de réponse à la question d'Elyon. Puis elle ajouta.

- Tu n'as pas besoin de me remercier, d'ailleurs c'est moi qui te remercie, je loupe le cours les plus ennuyeux de la semaine !

Elle n'y avait pas vraiment pensé. Si ça avait été quelqu'un d'autre, un garçon imbécile dingue d'elle qui lui demandait ce qu'il pouvait faire pour elle, elle en aurait profité sans avoir douté une seule seconde. Seulement ce n'était pas pareil. Cette fille avait une aura si sauvage, secrètement, Felicity se sentait un peu intimidée, comme impressionnée. Mais elle n'avait pas besoin que la fille lui soit redevable. Puis, celle-ci lui posa une autre question. Elle haussa les sourcils, intriguée, curieuse.

- Hum, oui bien sûr j'en mange, seulement ici, à la cantine, elle n'est pas de très bonne qualité.. Mais, ne te sens pas obligée de me remercier en m'offrant quelque chose !

La viande, à ce qu'elle savait coûtait assez cher, et c'est pourquoi, à la cantine de l'académie, ils n'en avaient que très rarement et de mauvaise qualité. Elle se demandait comment Elyon pourrait se procurer de la viande. Peut-être venait-elle d'une famille riche. Mais alors pourquoi aurait-elle eu besoin de son aide ? Felicity ne sut répondre à ses questions, mais préféra les abandonner plutôt que de se faire de fausses idées à propose de la jeune fille.

- Bon, je suppose que tu veux rentrer chez toi maintenant...

C'est un peu une question tout en étant une déclaration. Elle réfléchit à comment l'aider à sortir de l'établissement en tout discrétion, attendant sa réponse.

En vérité Elyon n'avait même plus envie de partir. Mais par dessus tout elle était curieuse de savoir pourquoi Felicity ne semblait pas plus curieuse à son sujet. Elle ne se considérait pas comme une bête de foire certes, mais à chaque fois qu'elle sortait en ville, ou simplement qu'elle allait quelque part sous sa forme humaine et son air à la fois sauvage et perdu avec ses branchages dans les cheveux - la plupart du temps - et sa peau sale. Mais là, elle ne posait aucune question et le mieux dans tout cela c'est qu'elle ne la regardait pas aussi bizarrement que les autres gens d'habitude. Avec un léger sourire, Elyon lui répondit d'abord.

- Si tu aimes désosser et enlever la fourrure et tout cela toi-même, je t'en apporterais. Ou j'essaierais de le faire mais je ne te promets rien. Ce n'est pas vraiment mon truc à moi de défigurer à ce point un animal avant de le manger...

Pensive, elle ne remarquait même pas à quel point elle pouvait paraitre bizarre pour le commun des mortels. Enfin, pour elle, tout ceci était parfaitement normal et elle espérait secrètement qu'un jour cela le serait également pour tous les autres et qu'ainsi les chasses finiraient et qu'on ne traiteraient plus de démons les enfants touchés par cette bénédictions, ou malédictions selon les points de vues divergents de la population.

- Actuellement il me sera plus utile de me reposer un instant... Je n'ai rien d'une lâche, mais je ne suis pas prête à affronter qui que ce soit en ce moment... Mais tu peux y aller, je trouverais le chemin si tu veux que je m'en aille.

Dit-elle en répondant à sa question. Rentrer chez elle ? Son véritable chez elle, enfin celui qui l'était avant ne représentait plus rien du tout et surtout ses parents la renieraient si ils savaient ce qu'elle était. Même si effectivement ils avaient déjà des doutes auparavant du à son comportement plus qu'étrange. Et sinon, la forêt... C'était vraiment son chez elle. Avec tous les dangers, les animaux sauvages, les lycanthropes, les vampires... Un grand parc d'atraction palpitant.

Se rasseyant un peu mieux dans son fauteuil, elle fixa Felicity d'un regard insistant et noir, puis elle posa une question dont elle aimerait connaitre la réponse. Non pas pour l'embarrasser, mais pour comprendre.

- Tu ne me trouves pas monstrueusement différente ?

Fronçant les sourcils, elle essayait de comprendre pourquoi la jeune femme l'aidait sans sembler génée, et sans avoir peur. Elle l'avait même touchée, touché son sang en la recousant, mais tout cela sans même essayer de la tuer ou quelque chose comme cela. Connaissait-elle seulement la présence des lycanthropes ?

Cette fois, Felicity ne cacha pas sa surprise. Elle venait de lui annoncer qu'elle mangeait un animal avec... ses os et sa fourrure ! Elle réprima une grimace de dégoût. Elle n'y avait jamais songé et venant d'une bonne famille, quand elle était petite, on lui préparait toute sa nourriture. Donc, naturellement, la viande était sans défaut. Mais que ferait-elle avec une animal mort ? Les gens se demanderaient d'où il viendrait, et elle ne saurait pas quoi leur répondre. Elle afficha un sourire, une fois reprise.

- Tu veux dire que tu manges un animal.. comme ça ? Personnellement, ça ne me dérange pas si tu ne m'offres rien en échange ! Je me vois mal arriver en cuisine avec une bête fraîche.

Elle eut un petit rire essayant de détendre l'atmosphère avec un peu d'humour. Mais elle n'avait pas réussi à taire son incrédulité. Il fallait l'avouer, c'était assez étrange. Mais bon, si elle préférait sa viande de cette manière, tant mieux pour elle !

- Oh, pas de soucis, je te laisse la chambre. Tu peux y rester aussi longtemps que tu veux. De toute façon, je vais te laisser seule un instant pour rassurer mes amis et mes professeurs.

Cela ne lui dérangeait pas qu'Elyon occupe sa chambre, le temps de se reposer et de dormir un peu, si c'était ce qu'elle voulait. Il fallait juste éviter qu'elle ouvre la porte à quelqu'un. Cela pourrait en effet lui attirer des ennuis. Mais tant qu'elle restait discrète et que personne ne soupçonnait sa présence, ça allait très bien. Elle en attendant irait retrouver les autres et inventerait une excuse pour justifier son absence aux instituteurs de l'académie.

Puis, la jeune fille posa une question à laquelle elle ne s'attendait pas du tout. Elle releva les yeux pour les planter dans ceux d'Elyon. Elle attendit un moment avant de répondre en toute franchise.

- En fait, je trouve que tu as des manières étranges d'être, et une aura de sauvagerie incroyable. Cela te rend, certes différente, mais tout aussi passionnante. J'aime bien comme tu es, imprévisible.

Elle avait sorti avec toute sa sincérité, ce qu'elle pensait d'elle. Elle commençait même à penser que les personnes avec qui elle traînait seraient ennuyantes après cette rencontre. Différente, oui Elyon l'était sans aucun doute. Mais monstrueusement, ne serait pas le mot qu'elle aurait choisi. Tout le monde le savait, chaque être se différenciait. Elyon, juste un peu plus que les autres, mais ce n'était pas plus mal.

Elyon se mordit viollement l'intérieur de la lèvre, presque dans un mouvement imperceptible, elle s'en voulait d'être venue. Même si quelques secondes auparavant elle en était heureuse. Ces deux sentiments se conjugaient dans son être en même temps. Elle risquait, si elle discutait trop avec la jeune fille de s'attacher à elle, comme une fille qui pourriat potentiellement être son amie. Mais dans son cas, pouvait-elle encore avoir des amis autre que ceux de son "espèce" ? Chassant ses idées, elle sourit tranquillement. C'était vrai que ce serait louche d'arriver comme cela avec un animal qui venait d'être tué dans les mains, débarquant dans les cuisines, sous le regard apeuré et étrange de ceux qui préparaient les repas pour les élèves du pensionnat. Imaginant un instant cette scène, Elyon rit intérieurement, laissant juste un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Sa visualisation avait quelque chose d'étrange car elle n'avait jamais visité le pensionnat, et tout ses recoins. Mais bon. Là n'était pas la question actuellement.

Balayant la chambre du regard, elle hésita un instant, puis acquiessa tranquillement, finissant par lui demander intriguée et un peu apeurée d'être découverte.

- Je te ferais bien participer à un de mes repas, mais je doute que tu apprécies alors. [...] Il n'y a aucune chance que tes "Collocataires" de chambre débarquent ? Car je vois mal comment je pourrais les laisser dehors si elles veulent entrer. C'est aussi chez elles non ?

Lorsqu'elle était petite, Elyon avait toujours eu envie d'avoir une chambre commune avec d'autres filles qui deviendraient ses meilleures amies. C'était un peu comme ça qu'elle dépeignait l'atmosphère du pensionnat. Tout en sachant que c'était toujours des chambres de quatre personnes. Un problème se posait sans doute, si par hasard on ne s'entendait pas avec elles. Ce n'était pas la loi de la forêt ici, elles ne pouvaient pas se battre et tuer la perdante pour s'en débarrasser. Alors comment faisaient-elles ?

Enfin bref, ce n'était pas son problème et au fond peut-être bien que sa curiosité étaita totalement idiote, elle n'avait pas à se soucier de cela vu que ce ne serait jamais, au grand jamais sa situation. C'était impossible tout bonnement. Les lycan n'étaient pas accepté dans cet endroit. Alors que les vampires si. Non mais quelle logique inutile se cachait là derrière ? Les vampires étaient bien plus vils qu'elle. Enfin c'était ce qu'elle pensait. Après, les points de vue différent toujours selon sa situation.

A la réponse de Felicity, Elyon écarquilla les yeux, stupéfaite. Jamais elle ne s'était attendue à une pareille gentillesse qui paraissait aussi sincère. C'était à la fois étrange et intéressant. Et une chose semblait sûre, la jeune étudiante n'avait pas peur d'elle. Ou alors pas directement.

- Merci... C'est bien la première fois qu'on ne me jette pas à cause de cela... Je suis heureuse que tu aies l'esprit assez ouvert pour ne pas agir comme les autres.

Balbutia-t-elle d'une voix douce et presque inaudible. Elle pensait sincèrement ce qu'elle disait et en plus ça avait des connotations très gentilles non ?

Felicity leva les yeux au ciel lorsqu'Elyon évoqua ses colocataires. Elle haussa les épaules, une grimace sur la figure. Cette année, elle était tombée avec de vraies garces. Des filles qui se croyaient belles et populaires. Elles se permettaient de donner des ordres aux gens, se déplaçaient avec leur petite cours d'admirateurs à leur pied. Il fallait dire que Felicity ne les portait pas du tout dans son coeur. Si elle avait pu, elle les aurait détruites avec ses propres pouvoirs. Mais elle préférait ne pas prendre le risque de se faire renvoyer à jamais. Naturellement, les autres occupantes de la chambre n'y venaient jamais, excepté pour dormir. Il n'y avait donc pas de problèmes à ce qu'Elyon dorme ici quelques heures.

Elle regrettait l'année dernière. Elle était en chambre avec des filles supers. Bien sûr, cette année, elle avait fait tout son possible au début pour se retrouver ailleurs en chambre. Elle avait joué de ses relations. Mais il n'y avait de place nul par ailleurs, elle avait alors renoncé.

- Tu ne cours absolument aucun risque. Elles trouvent cette endroit bien trop affreux pour elles. Ce sont de vraies pimbêches...

Sa phrase avait été prononcée sèchement, un peu trop peut-être, ce qui signifiait clairement qu'elle n'avait pas envie d'en parler. Elle se demanda aussitôt pourquoi Elyon n'était pas à l'académie. Elle semblait avoir l'âge, et en général les jeunes étaient obligés d'y aller jusqu'à leur maturité. Peut-être était-elle un peu plus vieille qu'elle n'en avait l'air, tout simplement.

- Je ne comprends pas pourquoi on te "jette". Moi je trouve mes amis tellement simples. Je les aime beaucoup, mais c'est tous les jours la même chose et je commence à m'en lasser. C'est sûrement pourquoi j'apprécie ta compagnie.

Mystérieuse. Oui, elle la trouvait mystérieuse. Elyon avait l'air profondément touchée par ses précédentes paroles, pourtant elle ne comprenait pas. On ne pouvait pas rejeter quelqu'un comme la jeune fille en face d'elle. Elle était captivante, rien que par sa façon d'être. Elle se leva et mit la main sur la poignée de la porte.

Elyon lui adressa un sourire sincère. Elle la trouvait différente et c'était bien la différence dans certain cas non ? Etait-ce ça qu'elle pouvait signifier ? La jeune lycanthrope se sentait bien ici dans ce pensionnat malgré le fait que ses instincts s'agitaient et qu'elle ne se sentait pas particulièrement pas en sécurité. C'était avec raison en plus. La prudence était de mise, mais elle faisait confiance à Felicity pour cela, malgré le fait qu'elle n'était qu'une nouvelle connaissance. Elle avait pris le risque de l'aider et sans rien dire à personne. Certainement que si elle était tombée sur quelqu'un d'autre, elle aurait pu appeller la sécurité, ou enfin la directrice et ainsi capturer la lycan'. Il paraissait que c'était l'usage courant, ou alors ce n'était que des histoires pour décourager l'intrusion ? Elyon ne le savait pas mais n'avait aucune envie d'en faire l'expérience. Un léger rire amusé filtra entre les lèvres d'Elyon lorsque la jeune noireaude traita ses colocataires de pimbêches. Cela ne semblait pas clairement gentils.

- Merci pour tout encore une fois. Je suis plutot du genre solitaire personnelement, mais j'avoue que tu es très intéressante et pas comme les autres...

Dit-elle d'une voix claire et sûre d'elle. Elle avait eu raison de venir et tout ce qui s'enchainait le lui montrait clairement. Sans sa blessure, jamais elle n'aurait rencontré Felicity et elle était elle aussi très intéressante. Pas comme les autres et apparemment pas touché par les idées reçues. Quoi que, elle ne savait pas encore qu'elle était lycanthrope. Devait-elle lui dire ? Pas encore.

- Tu pourrais dire à tes professeurs et à tes amis que tu es malade et revenir ici ?

Demanda-t-elle simplement. Elle avait envie de lui parler encore un peu, de faire connaissance. Une présence amicale féminine ne serait pas de trop. Quelqu'un à qui elle pourrait parler sans se retenir, malgré le fait que ce serait logiquement impossible. Qui aimait les lycan ? Au moins, elle essayerait et si ça ne marchait pas, elle la menacerait de ses crocs pour ne rien qu'elle ne raconte. Souriant, elle attendait qu'elle parte rassurer les autres et reviennent très vite, tout en espérant qu'elle ne voulait pas la voir partir déjà.

Elle hocha la tête en réponse à la question d'Elyon et sortit sans précipitation de la pièce. Une fois dans le couleur, elle prit une démarche hésitante et toussa bruyamment. Elle devait être convaincante pour que ses professeurs lui laissent louper les cours. Tout en avançant, elle pensait à l'occupante de sa chambre. Celle-ci lui avait dit qu'elle n'était "pas comme les autres"... Elle sourit. Felicity avait toujours voulu se différencier des autres, ne pas ressembler à tout le monde, ne pas faire partie du lot. Les paroles d'Elyon confirmaient qu'elle avait réussi, et elle en était fière.

Elle arriva devant ce qui se trouvait être la salle des enseignants. Elle prit une mine fatiguée et toussa continuellement tout en frappant à la porte. Quelqu'un vint lui ouvrir. C'était son professeur de langues. Elle leva les yeux vers lui.

- Je.. ( tousse ), je ne me sens pas très bien, ( retousse), je pense que je vais rester au lit aujourd'hui...

Il l'observa avec un mélange de pitié, de dégoût et de compassion, avant de répondre.

- Hum, en effet, il faudrait éviter que vous contaminiez tout l'établissement, allez donc vous reposer, j'avertirai vos professeurs.

Il referma la porte précipitemment, et elle repartit dans le sens inverse, satsfaite. Elle longea les couloirs discrètement, tâchant d'éviter des rencontres inattendues. Elle arriva à sa chambre et entra...

Les yeux clos, une envie de vomir s'empara de la jeune lycanthrope, contrecoup de son opération de fortune effectuée dans une simple chambre d'étudiante ou elle n'avait même pas le droit de se trouver. Fermant les yeux, essayant de se détendre, elle écouta les pas de Felicity qui s'éloignait, puis la porte se fermer, et tout redevenir calme. Enfin presque. Son ouïe était sans doute plus développée que celle du commun des mortels qui n'appartenaient pas à sa "race" ce qui faisait qu'elle pouvait rarement se prétendre totalement dans le silence, si ce n'est jamais. Se laissant bercer par sa fatigue, les paupières toujours closes, mais restant sur ses gardes, Elyon profitait de ce répit pour somnoler légèrement et refaire son énergie du mieux qu'elle le pouvait. Il lui fallait être forte, assez pour s'échapper et si possible sans passer par la barrière principale. Une explosion de couleur passa devant ses yeux et la jeuen fille se laissa porter par ses rêves jusqu'à ce qu'elle entende à nouveau des pas s'approcher et qu'elle sursaute, grognant légèrement, rassurée en voyant que ce n'était que Felicity. Cessant de montrer les dents, elle lui sourit tranquillement, voulant la rassurer. Elle n'avait pas l'intention de lui faire peur ou de paraitre trop étrange ou sauvage.

- Tu dois être très convaincante ! Ou alors tes professeurs ne sont pas vraiment doués... En tout cas je suis contente que tu sois là.

Dit-elle simplement, et toujours aussi sincèrement qu'à son habitude. Elle n'avait pas pris comme habitude de mentir, ou alors pas sur tous les sujets tout simplement. Certaines choses étaient destinées à rester dans l'ombre, d'autre non. C'était en quelque sorte le mouvement de la vie qui voulait cela. Satisfaite de la situation, Elyon se trouva tout de même un peu mal à l'aise sur le moment car maintenant elle savait qu'elle avait un temps illimité avec la jeune fille, sans vraiment savoir ce qu'elle pouvait lui dire, ou lui demander franchement. Savoir ce qu'elle connaissait sur les autres races et ce qu'on racontait à leur sujet ? Oui c'était relativement une bonne idée.

- Est-ce qu'il y a beaucoup de vampires dans cet établissement ?

Elyon savait - elle l'avait déjà entendu - que les vampires étaient accepté si ils signaient et promettaient par un serment de ne pas faire de mal aux autres. Et d'ailleurs, elle trouvait cette pratique répugnante, car on interdisait au sien jugé trop volatile de faire de même. Et un problème de plus se posait avec cette racaille qui a la peau claire, ceci étant qu'ils sentaient plus facilement les lycanthropes que les simples humains. Regardant autour d'elle, serrant les bras du fauteuil viollement, elle regarda au alentour, comme menacée puis se remit en place, passant une main dans ses cheveux et sans rien dire, attendant une réponse qui lui permettrait de savoir si il fallait qu'elle soit encore plus sur ses gardes qu'auparavant.

Felicity entra et ferma la porte à clé, espérant que cela ne gênerait pas Elyon. Elle souhaitait éviter toute intrusion imprévue, alors il vallait mieux qu'elle prenne des précautions. Avant d'aller se rasseoir sur sont lit, elle mouilla un linge qu'elle déposa sur la table de nuit et se mis en vêtements de nuit. Si quelqu'un venait vérifier son état, elle préférait vraiment avoir l'air malade. Elle savait aussi que si c'était le cas, Elyon pourrait toujours se cacher dans la comode ou au pire, sous le lit.

- En effet, si tu savais à quel point je suis bonne actrice ! Sans me vanter bien sûr !

Lança-t-elle, sur le ton de la plaisanterie en réponse à Eylon. Elle s'installa confortablement et planta son regard dans celui de la jeune fille. Elle avait des yeux magnifiques, très expressifs. Elle aurait pu la regarder comme ça pendant des heures, si elle n'avait pas senti de gêne.

La question que posa ensuite Elyon était tout à fait inattendue. Mais Felicity ne se laissait plus trops surprendre par les paroles de la fille. Elle commençait à s'y habituer, comme quoi, elle était de bonne compagnie. Elle réfléchit quelques instants, elle ignorait assez tout ce qui concernait ce sujet.

- Je dois t'avouer que je n'en sais que très peu à ce propos, mais, il y a quelques personnes qui ne cachent pas qu'elles sont vampires, d'autres restent plutôt discrètes. Il y en a une que j'apprécie, car elle est simple. Mais je pense qu'il n'y a qu'un très bas pourcentage de vampires ici.

Elle avait entendu parler de beaucoup de gens. Les rumeurs étaient très présentes dans l'académie. Ses amis fuyaient en général les vampires, c'était d'ailleurs ce que faisaient la plupart des jeunes de l'école. Felicity, elle les ignorait, ou plutôt les considérait comme tous les autres étudiants, du moment qu'ils n'étaient pas dangereux. Elle se demandait pourquoi Elyon avait posé cette question...

» Elyon Darkness